À toute nos étoiles

Chaque jour est un donSaison courteFraction de vieFeu de boisFeu de pailleD'incousciances et des autresPeine peut-être, mais de joieD'amours, de haines et de raisonEt chaque jour se suffitEt à chaque vie suffit sa peine.

De ces mille et une nuitsOù ses pensées s’affrontaientArrogantesÀ coups de mots et de bâtonsArmées marchantesÉpées sanglantesOdeurs de canons…Il les regardait,Spectateur lointainDésert des tartresBruit des dunesDes vents séchés et de leurs dramesEt c’est au petit matinQue la nuit était calme.

C’était un matin d’octobreLa nuit était calmeLe jour était sombreOn entendait dans le villageLe grand serpent de ferEt des chants de joie mêlésLa terre jusque-là avait été sageElle nous aurait encore épargnéLe long chemin de ferIl connaissait pourtant la véritéIl connaissait, souriantCombien d’entre euxNe verront plus de jours se coucherIl connaissait, indiffèrentLe nombre de ceux qui, insoucieuxAvaient bravement achetéLe reste de leur destinéePour le prix d’un billet.

Kemi Seba est un personnage qu’on ne présente plus. Figure de proue de l’activisme panafricain, c’est 2014 que j’eus un premier contact avec l’homme. Je découvrais au hasard d’une vidéo YouTube ce trentenaire, la tête assortie d’une boule à zéro, dégageant une assurance dont j’en connaissais peu chez les personnalités africaines. Sa fluidité oratoire et l’aisance au discours forçaient l’admiration. Plus tard, les scandales politiques, les expulsions, les emprisonnements et autres persécutions ne faisaient que confirmer l’indestructible engagement de l’homme pour son combat. C’est donc avec une grande curiosité que j’appris la publication du livre : Philosophie de la panafricanité fondamentale.

Hercules, Ragnar, Bruce Banner, Peter Parker, Klark Kent, Luther ( Série à voir absolument), Dominik Cobb (Inception), Hoppenheimer, j‘en passe. Nous sommes fascinés par les héros brisés, ces personnages fictifs ou réels hautement compétents, sur-puissants, hyper-intelligents, mais tourmentés.Ils sont tous à la quête d’un Gral. Ils cherchent à retrouver un trésor perdu, exorciser un d*mon en eux, réparer quelque chose de leur passé, revoir un parent décédé, un amour impossible, une justice, un pardon inaccessible.Ces personnages sont des archétypes. Ils représentent un aspect universel de l’expérience humaine, l’éternel paradoxe entre d’une part, la capacité qui nous a été donné de manipuler certaines portions de la realité, de participer à la longue chaine cosmique du cause-effet, de creer le futur, et, d’autre part, notre impuissance face aux portions inamovibles, imperméables à nos efforts, le meilleur des mondes qui n’arrivera jamais, le passé éternellement inflexible.Cette tension existentielle est présente en chacun de nous. Si on pouvait revivre la journée d’hier, la dernière année, notre enfance, ne voudrais-t-on pas changer quelque chose ? Apprendre d’un instrument de musique ? Prendre les cours d’anglais plus au sérieux ? Ne jamais avoir perdu cet être chèr ?Nous avons bel et bien le pouvoir de créer notre future. Individuellement, collectivement. Mais nous butterons toujours à l‘idée de ce qui aurait pu être, de l’ideal inatenniable. Et ce fait nous mets dans une quête perpétuelle, elle fait de nous les héros de notre propre aventure. C’est à cause d’elle que les héros brisés résonnent si fortement. Parce qu’à défaut de résoudre la tension en nous-même, nous espérons — inconsciemment peut-être — qu’ils le feront pour eux.